Internet : 15 jours pour convaincre - 30 ans à subir

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J-F C. (Jefsey) Morfin
2 oct. 2002
[note pour les rédacteurs de e-zine qui me taquinent : vous pouvez utiliser sans problème]
NB: ce texte est en ligne



Chacun peut comprendre que les réseaux de transmission de données publics répondent à un besoin fondamental de notre société actuelle. Chacun peut comprendre que sans eux, notre économie, nos relations humaines, nos emplois, notre vie culturelle, notre santé, notre enseignement, notre futur seraient très rapidement et très gravement compromis.

Après le 11 septembre la Maison Blanche a demandé un rapport sur l'état de ces réseaux (accaparés par la technologie TCP/IP à la suite du Web et de la bulle Internet). Ce rapport est très clair : le réseau est une passoire où l'insécurité se développe à une vitesse que l'on pourrait qualifier de foudroyante. Cette insécurité entraîne une instabilité potentielle du système et met gravement en péril l'infrastructure locale, régionale, nationale et globale dans les domaines les plus divers allant des transports, aux systèmes bancaires, à la défense nationale, la protection des biens et des personnes, la formation et la santé avec à la clé des milliers voire des millions de vies en jeu, potentiellement dans la minute, sans possibilité de parade puisque le système électrique, les média, les urgences médicales, la navigation aerienne, etc. en dépendent. Et que les exemples de situations réelles accidentelles, criminelles ou terroristes surabondent : leur succès ou leur conjonction catastrophique ne sont manifestement qu'une question de temps.

Cette évaluation est exacte.
Elle est encore partielle car elle est basée sur une culture américaine qui se considère comme le centre du monde en terme de réseau et a donc encore à prendre la correcte mesure de la menace globale (un e-terroriste n'accédera pas nécessairement le réseau à partir de Chicago comme un pirate de l'air doit le faire) et des implications de politique étrangère que cela entraine (cf. la position Bush/Blair actuelle). Il est certain que les auteurs en ont conscience et qu'ils se réservent les deux mois à venir pour sensibiliser l'opinion à ce sujet à travers une série de meetings dans les grandes villes. Les relations avec l'Iraq tombent (?) d'ailleurs à point nommé pour être un exemple et un test de méthodologie politique.
Le plan proposé est simple 
prendre les moyens de sécuriser les Etats-Unis et ses ordinateurs, et le faire. Il y a un problème: on le résout. La manière proposée est certainement adéquate, par l'addition de la coordination fédérale et des forces économiques directement menacées ou visant à en tirer un large profit. Ici on travaille à défendre sa peau, celle de sa famille et des siens, à préserver leur mode de vie, et aussi à gagner de l'argent tous ensemble.
Un seul détail 
le réseau est mondial et nous ne sommes cités que comme source d'idées à ne pas oublier. En aucun cas comme partenaires. Les intérêts des Etats Unis à défendre sont listés à travers le Monde, l'Afrique n'est pas mentioniée. Nous ne sommes pas dans l'arche de Noë.

Nous nous trouvons donc à une croisée des chemins.

1. ou nous laissons faire, et la technologie Internet sera totalement revue, des licences s'appliqueront partout pour des raisons officiellement sécuritaires mais en réalité aussi financières. Au cri de "nous nous protégeons, nous pouvons aussi vous protéger, mais après tout le Net c'est nous qui l'avons fait". Et nous aurons un réseau à deux vitesses : Nord dépendant des USA, Sud en GPL peu compatible et ouvert, avec tous les déséquilibres, les vindictes et les instabilités qui en résulteront et qui ne profiteront à personne. The digital divide devient le digital gap.

2. ou nous disons, et surtout nous faisons en sorte, que cette révision - qui est nécessaire - soit universelle : avec nous et ouverte à tous. En se souvenant que c'est Louis Pouzin et l'Inria qui ont apporté les zones de l'Internet, un protocole de bout en bout qui marche, un financement à un moment critique, que nous avons créé le nommage ensemble, que le Transpac était français; le Videotext européen, l'ISO par l'UIT et surtout ... qu'à réseau global il faut un effort de développement global. Mais nous devons le dire et le faire de façon compréhensible et acceptable pour des gens qui se considèrent en guerre, et qui se lancent dans un véritable projet Manhattan II ou Apollo II.

Nous avons pour cela 15 jours.

15 jours car nous sommes dans une logique de riposte rapide à une situation de danger qui se dégrade rapidement. Pour le comprendre, il suffit de regarder les rapports de son Zone Alarme, le nombre des ses spams et les alertes Virus. Le rapport de Richard Clarke (M. CyberSécurité de la Maison Blanche) montre bien l'état d'esprit. Même s'il y a dramatisation, cette dramatisation est une composante de la situation.

Un processus de réorganisation de l'Internet a été entrepris pour héberger l'effort engagé. Il passe par l'ICANN (organisme chargé par le gouvernement amérciain de privatiser/gérer sa participation dans l'Internet) dont la reconstruction, telle qu'opposée par la plus part, sera pourtant bouclée le 27 octobre; lors de sa réunion de Shanghaï. Il n'y a pas à se demander pourquoi : l'ICANN est controversée pour la forme par le NTIA qui l'a reconduite dans ses fonctions avant la date prévue.

Il passe par la finalisation du rapport CyberSpace Security de Richard Clarke, évoqué plus haut, qui se fera sans doute avant la fin de l'année.

Il passe par la stabilisation par "MicroSign" (accord Microsoft et Verisign - le gestionnaire des ".com/.net") du support des noms de domaines "internationalisés" (comprendre "pour les Américains") avec à la clé une prise en main du DNS (nommage mondial, et donc de l'URL qui a toutes les chances de devenir la "télécommande du réseau quotdien".

Il passe par le transfert de ".org" à l'ISOC dont on peut attendre à terme que les 18 millions de dollars annuel des organisations à but non lucratif financent la stablité de l'ICANN et des structures de gestion de l'Internet reprises en main pour plus d'efficacité.

Ceci créera des "avantages acquis pour les Etats-Unis" qui seront sans doute irréversibles avant longtemps.

Sinon

Dans notre vie de tous les jours cela ne changera pas grand chose : nous serons simplement sous un contrôle de fait peu à peu accru des Etats Unis et du FBI/CIA en terme de sécurité (la protection du "Homeland" étant la priorité). L'accès à l'information sera de moins en moins partagé. Nos lois et nos usages devront peu à peu se conformer aux décisions du Congrès qui se considère légalement comme le maître de l'Internet. Bien des innovations techniques et sociales originales de la France (Minitel) et de l'Europe (subsidiarité) seront reléguées pour des décennies jusqu'à être réinventées et proposées sous licence. Difficultés accrues pour l'exception culturelle. Les irritations personnelles, politiques et religieuses iront s'accroissant. Wall Street sera un peu plus le centre du monde, et sans doute son centre de catastrophe - le 11/9 a montré ce qu'il en est ou ce qu'il peut en être.

Le SMSI III pourra se tenir à Herndon ou Seattle.

Il y a-t'il une alternative ?

Oui.

Elle est simple car il ne s'agit pas de s'opposer à un effort nécessaire, mais d'y participer pour qu'il puisse naturellement s'équilibrer. Elle se fera nécessairement car il n'est pas possible que toute la planète dépende dans le long terme d'une pensée technique, légale, sociale, culturelle unique. Elle est d'ailleur demandée par nos amis americains qui se voient seulement confronté à un problème grave au quel ils s'estiment les seul à vouloir répondre correctement.

Les options

La question est quand et à quel prix. Et que se passera-t-il (ne se passera pas) entre temps.

Au cours d'un récent échange rapide avec un responsable européen nous les avons évalués.

  • avant le 15 septembre 2002 : gratuit, immédiat, de soi.
  • avant le 31 décembre 2002 : cher, une ou plusieurs années, à négocier
  • après : très cher; une dizaine d'années, à conquérir.

A ma connaissance, il n'y a qu'un projet qui puisse prendre date avant le 15 septembre et être opérationnel avant la fin de l'année. Il consiste à créer un système multiple de serveurs racines expérimental à la disposition des développeurs du monde entier (pays en développement compris) pour permettre de disposer d'un système de test, de validation, de secours, d'expérience.

Ce système est techniquement et stratégiquement nécessaire, il est même demandé par les documents de l'ICANN (ICP-3). Il sera soit inclus dans la proposition finale américaine sous la forme d'un système national sous contrôle de la Maison Blanche, ou il sera global parque nous l'aurons proposé et annoncé auparavant.

Il requiert au départ 300 KF, une poignée d'entrepreneurs, 40 PC maximum, un peu de volonté politique et des relations. Et du temps ?.

Ce système n'est pas seulement un rêve.

Je vous en ai souvent entretenu comme d'un projet. Il est aujourd'hui en passe d'être opérationnel. Il comprend déjà 10 machines sur les 40 maximales de la configuration de base. Il tourne au quotidien et résout. Il inclut des participations effectives ou des engagements formels de France, d'Allemagne, du Sénégal, du Canada, des USA, de Belgique et des intérêts affichés d'Afrique du Sud, du Pérou, d'Argentine, de Chine, de Malaisie, de Corée.

Mais il va crever dans la dernière ligne droite du manque d'argent (50 KF d'urgence), d'un ou deux traducteurs pour mettre à jour son site sous http://dot-root.com ? et de soutien informationnel.

De quoi a-t-il réellement besoin ?

  1. de serveurs de noms : des pentium en ligne avec une adresse IP stable. Il n'est pas besoin de puissance aujourd'hui car c'est du test de procédure et de développement. Le but est de montrer le nombre pour la presse et l'ICANN.

  2. de compétences : tous ceux qui s'intéressent au DNS et à sa stabilisation dans un cadre de souveraineté nationale, de protection culturelle, de développement de l'internet de proximité, d'industrialisation d'outils réseau au quotidien, etc.

  3. de correcteurs anglicisant : pour créer un site solide (un beau SPIP - on rendra à uzine.net une version internationale !) et quelques drafts IETF pour expliquer ce qui est fait.

  4. de bouche à oreille : pour que la presse en parle : ce qui compte n'est pas d'être opérationnel tout de suite, mais d'être reconnu avec des mots et des projets d'envergure. Et il y en a à supporter.

  5. de directeurs de recherches prêts à inscrire un projet DNS ou protection réseau utilisant la plate-forme dot-root pour montrer que nous sommes sérieux. Les sujets surabondent si on trouve le temps de les documenter. Plusieurs TLDs de test réel sont prévus : pour les universitaires puisque ".edu" est politiquement réservé aux USA, ".telco" pour que les opérateurs approchent l'internet, etc.

  6. de grandes entreprises sponsor qui participeront à un projet test de valorisation des marques par le nommage Internet dont elles ne pourront que tirer avantage sans ennuyer tout le monde.

  7. des idées de la part de chacun. Pour l'instant nous sommes une poignée à défendre ce projet. Plus nous serons, plus de pays et d'académies seront représentés, mieux cela sera pour tous.

Suite reçue

Bien sûr,cela n'a pas convaincu beaucoup de monde, ni rapidement. Toutefois, le projet communautés du Libre "dot-root" a pu voir le jour et rassembler jusqu'à 30 serveurs de nommage, permettannt une expérience communautaire grandeur nature dont le rapport à été fait à RENATER. Ce rapport est à retrouver et à publier.

De ce projet est né la longue marche vers le projet actuel de la Compagnie Coopérative du Catenet SCIC (CCC SCIC) avec quelques métaretombées significatives dont il sera peut-être un jour intéressant de faire l'histoire (tout est en archive, mais en vrac !!!). Tout ceci est parti de la recherche INTLNET de la bonne manière de mettre à niveau la production de l'INTLFILE (le "root" actuel (les données à compiler, les mises à jour, leur présentation). Cette tâche n'est pas achevée !

en raison de quuoi ...

Dans notre vie de tous les jours cela n'a pas changé grand chose :

  • nous avons simplement bien été sous un contrôle grandissant de la NSA.
  • L'accès à l'information est bien de plus en plus googlisé
  • Nos lois, nos usages et nos débats se conforment bien peu à peu aux décisions de la FCC du Congrès
  • Obama lui demande bien la maîtrise légale de l'internet "qui est à eux"
  • nos innovations techniques et sociétales sont bien réiniventées (y compris nous-mêmes) qui devenons le produit/cadeau publictaire.
  • Les irritations personnelles, politiques changent bien; et les irritations religieuses ont bien conduit à l'Etat Islamique.
  • Wall Street s'est bien s'installé comme centre du monde et des catastrophes - comme l'a montré la crise des subprimes.
  • Le SMSI III (2025++ ?) pourra sans doute s'abstenir de se tenir : remplacé par la multipartieprenance des multiprenances.